Alternatives à l’achat d’un système de sécurité
La recrudescence de la criminalité, qui depuis le temps qu’on en entend parler a dû atteindre un niveau si élevé qu’on se demande comment il est encore possible de faire trois pas hors de chez soi sans qu’une dizaine de solides gaillards ne se disputent la primauté du tranchage de notre gorge — ce qui, soit dit en passant, nous laisserait une occasion de détaler —, contraint les créateurs de systèmes de sécurité à concevoir des moyens sans cesse plus innovants de protéger les biens, ainsi que les personnes nécessaires à leur fabrication et à leur achat.
Pareille course à l’armement, comme toutes celles qui, depuis que le monde est monde, nous ont fait graduellement passer de la massue au F-35 Lightning II, a toutefois l'inconvénient d’engendrer des dépenses considérables, lesquelles peuvent vite s’avérer prohibitives pour les particuliers les moins fortunés, qui se retrouvent dans la situation paradoxale de devoir revendre leurs biens afin d’acheter le dispositif nécessaire à leur protection.
Heureusement, comme s’en sont également aperçus les humains il y a fort longtemps à en croire les inscriptions « cave canem » retrouvées sur les murs des villas de Pompéi, la simple menace d’un péril peut suffire à dissuader les malandrins. C’est probablement pourquoi on trouve désormais sur les portes de nombreux bâtiments de nos villes, presque aussi fréquents que les panonceaux « gaz à tous les étages » de jadis, de petites plaques nous informant que l’immeuble dont nous pourrions être tentés de franchir la porte est placé « sous surveillance électronique ».
Sans nier leur caractère dissuasif (jamais, à titre personnel, je n’ai chercher à savoir si ladite « protection électronique », aussi vague qu’inquiétante, était réelle ou pas, et quels seraient ses effets sur mon intégrité physique), il est toutefois permis de remarquer qu’une menace trop souvent proférée finit par perdre de son effet et que les cambrioleurs, sans doute d’un naturel plus audacieux que le mien, ont probablement depuis fort longtemps cessé de redouter un avertissement si omniprésent qu’il a fini par devenir invisible — et cela d’autant plus s’il leur est déjà arrivé par le passé de pénétrer sans conséquence dans des lieux pourtant supposément « protégés électroniquement ».
C’est pourquoi le temps est venu de suggérer quelques messages alternatifs qui sauront semer la terreur de façon efficace et renouvelée dans le cœur de tout cambrioleur en puissance.
- « Immeuble sous protection électrique » : à la fois plus rustique et plus inquiétant que son cousin électronique, ce panneau fera naître dans l’imagination du voleur des scènes terribles d’électrocution et le dissuadera de pénétrer dans les parties communes de l’immeuble, sauf peut-être après avoir revêtu des chaussures à semelle en caoutchouc — ce qui, à défaut de l’empêcher de commettre une effraction, lui évitera au moins de tout salir avec ses godillots qui ont trainé dehors.
- « Immeuble sous protection biologique » : particulièrement efficace au sortir d’une pandémie, il fera redouter aux cambrioleurs la présence d’agents pathogènes mortels voire, pour les plus imaginatifs, d’une monstrueuse entité tapie dans la loge du concierge en attendant de les dévorer.
- « Immeuble sous protection chimique » : du meilleur effet dans les immeubles vétustes, voire insalubres ou même parisiens, les taches de moisi aux murs et les remugles dégagés par une plomberie vétustes rendant la menace d’autant plus crédible.
- « Immeuble sous protection mécanique » : simple mais terriblement évocateur, il laissera supposer l’existence d’énormes mâchoires mécaniques prêtes à surgir des murs pour lacérer les intrus, ou encore de couloirs qui se referment sur les indésirables pour les broyer, deux phobies qui hantent, à en croire une étude du Jungian Institude of Criminal Psychology de New York, les rêves de nombreux cambrioleurs.