Ambroise Garel

La Stase

Sur une idée venue lors d’une conversation avec le toujours inspiré Raveline.

Tout observateur des soubresauts qui agitent la vie politique de notre triste espèce depuis maintenant près de trois siècles le sait bien : de la même façon que la gauche est constamment tiraillée entre deux pôles, le réformateur et le révolutionnaire, la droite, n'en déplaise à ce tripode boiteux de René Rémond, l'est entre deux tendances elles aussi opposées et symétriques, le conservatisme et la réaction. C'est sans doute pourquoi, soucieux comme nombre de nos concitoyens du glissement de moins en moins graduel de l'aile dextre de notre assemblée vers les abîmes de la réaction la plus noire, et convaincus avec ce vieil Archimède que toute force doit être contrée par une force égale mais de sens opposé, on a vu récemment apparaître les prémisses d'un extrême-conservatisme destiné à ramener vers le centre de l'échiquier politique les forces autrefois centristes dangereusement égarés sur la voie du fascisme. Ce mouvement, s’il ne tenait pas de l’injure de le qualifier ainsi, a un nom : la Stase.

Sur les petits flyers et autres affichettes que les sympathisants de la Stase, de plus en plus nombreux, collent aux quatre coins des rues, on trouve des slogans comme « Une seule solution : l'arévolution permanente », « Yes we can't » ou encore « Le présent est notre avenir », assortis de ce qu’il faut bien appeler une ébauche de programme.

Avec la Stase, et c'est la plus belle promesse qu'on puisse faire aux citoyens de nos pays tout de même fort mal embarqué, demain ne sera jamais aujourd'hui.